sommaireTUCKER DE KYOSHO AU 1/18.
TUCKER , l'histoire.
Preston Thomas Tucker (21 septembre 1903 à Capac Michigan - 26 décembre 1956) fut un concepteur et constructeur d'automobiles américain.Tout jeune, il travailla comme messager chez Cadillac, où il distribuait le courrier en patins à roulettes. Ce bon vendeur s'associa au légendaire concepteur Harry Miller pour convaincre Edsel Ford puis son père Henry de construire une voiture de course, dérivée des Ford V8 de série, pour l’édition 1935 d'Indianapolis. Miller manqua de temps et d'argent pour mener à bien son projet. Edsel Ford, furieux, fit enfermer les voitures, pour ne les ressortir qu'en 1937. Elles coururent jusqu'en 1948, sans résultat. D'aucuns accusèrent également Tucker d'avoir capté une partie des dépassements de budgets pour ses fonds personnels.
Il devint policier dans le Michigan. Il pourchassa les délinquants et assista aux horribles résultats d’accidents de voitures ce qui le sensibilisa à la sécurité.
Peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, il fonda la Tucker Aviation Corporation pour proposer un véhicule à l’armée. Sa proposition ne fut pas acceptée, mais il fit une petite fortune avec la mise au point d’une tourelle à canon rotative. En 1944, il lança une audacieuse campagne de financement pour construire une berline très innovante, la Tucker '48. Il réussit à louer l'usine de moteurs d'avions Dodge-Chicago, fermée depuis la fin de la guerre, mais il n'y produisit qu'une cinquantaine d'exemplaires.
En 1949, la commission de surveillance de la bourse le mit en accusation, car beaucoup des promesses de propositions techniques sophistiquées ne furent pas maintenues. Il accusa pour sa part les "trois grands" de l'automobile (General Motors, Ford et Chrysler) de chercher à le couler.
Il fut finalement innocenté, mais les difficultés financières placèrent sa société en liquidation. Quant au futur coupé Talisman, il ne dépassa jamais le stade de la table à dessin...
L'histoire de Tucker, c'est un peu l'histoire de David contre Goliath. Et la formidable histoire d'un homme, Preston Thomas Tucker, qui a su croire et faire croire au rêve américain. Il a en effet voulu construire une voiture comportant une somme phénoménale d'innovations. La Torpedo Tucker est une voiture très imposante et véritablement révolutionnaire. Elle a réussi à démoder la production de l'époque. Cela ne pouvait qu'énerver les trois géants de l'industrie de l'automobile américaine qui vont s'employer à obtenir sa perte. Sans cet acharnement contre ce visionnaire de génie, la face de l'automobile américaine aurait pu en être changée... Un concentré d'innovations Voici la voiture telle que son créateur l'avait imaginée : • voiture avec moteur arrière • refroidissement moteur par air • vitesse maximale de 205 km/h • vitres de sécurité • pare-brise éjectable • habitacle indéformable • tableau de bord en mousse • portes avec ouverture en buffet • ceintures de sécurité à l'avant et à l'arrière • consommation de 10 litres aux 100 kilomètres • phares dans les ailes, une des premières lignes pontons • phares tournant avec les roues • constitution du premier réseau commercial et de réparation. Le rêve américain: Preston Thomas Tucker est considéré comme un doux rêveur. C'était cependant un véritable visionnaire en avance sur son temps. Après s'être marié, il part pour Détroit pour fonder une famille. Et avec un rêve en tête : concevoir et produire la meilleure automobile au monde. Il n'aura de cesse de le réaliser. Il transforme la grange familiale en bureau d'étude et en usine. Puis commence ses bricolages de génie. En 1936, l'armée rejette l'un de ses prototypes de véhicule d'assaut. Trop rapide... En effet, le véhicule dépasse les 50 km/h imposés par le cahier des charges. La tourelle électrique de ce véhicule va en revanche être immédiatement adoptée. La tourelle Tucker sera utilisée sur les avions et les chars de l'armée américaine pendant de la seconde guerre. Vendre la voiture avant qu'elle n'existe: Après la guerre, Tucker lance son projet de nouvelle voiture. Il impose un cahier des charges très précis : ligne ponton intégrant les phares dans les ailes, moteur à l'arrière permettant de ranger des valises sous le capot avant et sécurité des passagers. Les premiers plans sont réalisés pour lancer ce qu'il pense être la voiture de demain. Il cherche des investisseurs. En vain. Il a alors une idée de génie : vendre sa voiture avant qu'elle n'existe ! Il fait pour cela publier un article dans la presse parlant d'une voiture révolutionnaire. Le succès est foudroyant : en moins d'une semaine, tout le monde la veut. Se pose alors la question de savoir où l'on peut se procurer cette voiture qui n'existe pour l'instant que sur plans... Des portes avec ouverture en buffet :
Fin 1946, Tucker engage Alexander Sarantos Tremulis, un ancien conseiller ayant travaillé chez Ford, Cord, Auburn, Plymouth et Duesenberg. Ce designer à la carrière très riche travaillera de 1947 à 1949 pour Tucker. Son premier travail : retoucher l'allure de la voiture en favorisant l'aérodynamisme et en modifiant le dessin des portes. Il fallait en effet que ces dernières ne touchent plus le trottoir lorsqu'elles s'ouvraient à la façon d'un buffet. Il reste maintenant à Preston Tucker à rechercher des capitaux et une usine afin de commencer à assembler ses futurs véhicules. La sécurité avant tout: Tucker essaie de vendre son projet auprès des directeurs de l'Administration des biens de la défense. Il mise tout sur la sécurité. Pour cela, il passe un diaporama montrant des personnes blessées lors d'accidents de la route. II met en avant ses phares tournants suivant la direction des roues qui éclairent mieux les bas côtés, ses vitres de sécurité, ses ceintures de sécurité ainsi que le pare-brise éjectable. Le comité sera d'autant plus sensible à cet argument que les trois grands de Détroit (General Motor, Chrysler et Ford) méprisent totalement ce point dans leur production. Le comité confie à Tucker l'énorme usine (15 000 m2) de Chicago. Elle avait servi à la fabrication des avions B29 de la guerre (Superforteresse). Tucker est soumis à une condition expresse : réussir à construire 50 véhicules. Il entre ainsi dans le cercle fermé des constructeurs d'automobiles. 60 jours pour réaliser un prototype: Il fallait être fou pour tenir le pari... et il l'a fait. Tucker a 60 jours pour lancer le premier prototype et entrer en possession de l'usine. Rappelons que chez Ford, qui maîtrisait la production en série, il fallait neuf mois entre la conception et la sortie du modèle ! Toute la famille Tucker met la main à la pâte : son fils Junior abandonne les études et sa femme Vera s'occupe de la comptabilité. Pendant les 60 jours d'élaboration du prototype, de nombreuses personnes vont s'employer à faire capoter le projet. Rien n'arrêtera cependant Tucker : il va collecter des pièces à la casse (comme par exemple les transmissions prélevées sur une Cord), afin que le premier véhicule soit tout de même assemblé. Moins de 10 l au 100 km et 205 km/h au compteur Quelques modifications par rapport au concept de départ vont être imposées : • Les deux phares extérieurs ne tournent plus avec les roues. Seul le phare central suit l'angle de braquage de la direction. • le passage en 24 volts est imposé par le taux de compression élevé du moteur. Il va être réalisé grâce à l'emploi de deux batteries en série. • Le moteur ne dispose plus de l'injection. • Les freins à disques sont supprimés. Les trois grands de Détroit veulent faire capoter le projet :
Tout le monde parle de la Tucker. Et cela commence à déranger. Les trois grands constructeurs automobiles de Détroit, épaulés par les hautes instances du gouvernement Roosevelt, vont s'employer à faire capoter le projet. Propulsé tuteur de la Tucker Compagnie, le gouverneur de l'Illinois Robert Bennington est le maillon apparent de la fronde contre Tucker. Il va l'envoyer faire de la publicité itinérante au travers des Etats-Unis. Dans le même temps, l'entreprise voit son approvisionnement en acier bloqué. Le prix de l'acier double, ce qui risque de faire doubler le prix de la Tucker. Le gouverneur de l'Illinois va également tenter d'éliminer tous les éléments dignes de progrès de la voiture. Le moteur à l'arrière, les ceintures de sécurité et nombre d'innovations doivent disparaître… Preston Thomas Tucker résiste malgré tout. Il veut fabriquer sa voiture telle qu'il l'a rêvée. Un moteur d'hélicoptère: La chance lui sourit enfin. La société Air Cooled Motor, qui fabrique des hélicoptères à Syracuse, vient proposer à Tucker de racheter, en mars 1948, son aciérie en mauvaise situation financière. Cela devrait lui permettre de contourner le problème de la hausse de l'acier. Il lui propose également à la vente un moteur d'hydravion en aluminium. Ce moteur six cylindres de 5.5 l (335 ci) annonce 166 chevaux. Il va permettre de terminer la première voiture. Celle-ci va être testée en endurance sur un anneau de vitesse et servir une nouvelle fois de publicité. La voiture fera malheureusement plusieurs tonneaux ce qui ne permettra que de valider le pare-brise éjectable. Victime de son succès :
Mis sur écoute, Tucker est suivi 24 heures sur 24 par le FBI. La radio nationale annonce qu'une commission d'enquête financière s'apprête à révéler une énorme escroquerie. Selon elle, la Tucker ne comporte aucune des caractéristiques futuristes annoncées. De plus, elle aurait été construite à partir d'éléments recueillis chez les ferrailleurs. Elle annonce également que le sénateur du Michigan, Homer Ferguson, qui préside le puissant comité de gestion des stocks de guerre, conduira lui-même l'enquête. Cette dernière a été ordonnée par le Congrès pour faire la lumière sur l'utilisation des 26 millions de dollars rassemblés par Tucker pour fabriquer les véhicules. Lorsque l'on vient à son domicile pour l'arrêter, Tucker s'enfuit au volant d'une de ses voitures, la police à ses trousses dans la ville. Les comptes de Tucker sont saisis par la Commission de surveillance de la Bourse. La fermeture de l'usine est annoncée alors que 47 voitures sont produites. Le contrat de départ stipulait que, pour que l'usine soit conservée, il fallait fabriquer 50 véhicules. Il en manque donc 3, qui doivent être réalisées en 4 semaines. 155 ans d'emprisonnement et 60 000 dollars d'amende :
Le procès de Tucker a lieu en 1949 dans la salle même où a été jugé Al Capone. Tucker est accusé d'escroquerie, de détournement de fonds, de publicité mensongère par correspondance ainsi que de diverses atteintes au règlement de la Commission de surveillance de la Bourse. Il encourt une peine maximale de 155 ans d'emprisonnement et une amende de 60 000 dollars. Au tribunal, les trois de Détroit influencent le jury. Ils assurent que la comptabilité est fausse. Mais Véra, la femme de Preston, arrive à démontrer, factures à l'appui, que les sommes avancées sont bien réelles. Tucker a tenu à assurer seul sa plaidoirie. Il veut démontrer qu'il a bien honoré son accord. Le jury peut effectivement voir qu'il y a 50 voitures garées devant le palais de justice. Mais il est trop tard. Les preuves ne sont plus recevables. Son insistance l'expose seulement à un outrage à magistrats. Tout est… presque bien qui finit… pas si mal. Tucker est innocenté par le jury qui insiste pour aller essayer les voitures. L'usine est malgré tout fermée et convertie dès le matin du jugement en logements sociaux. Preston a l'interdiction de poursuivre l'aventure. Il n'y aura donc pas d'autres Tucker.
46 Tucker roulent encore: Tucker a effectivement réussi son pari de produire 50 Tucker avant la fermeture de son usine. Sur les 50 produites, 46 sillonnent le monde actuellement. Tucker meurt de maladie six ans après le procès. Mais ses idées vivent toujours. Ses innovations, dans le style, la technique et la sécurité (ligne ponton, ceintures de sécurité, freins à disques, pare-brise éjectable de sécurité, réseau commercial et de réparation), ont été petit à petit adoptées à Détroit et partout dans le monde. Elles sont désormais utilisées par tous les constructeurs actuels. Pour l'anecdote, Tucker était décidément incorrigible. Avant de mourir, il va initier un nouveau projet. Il veut cette fois lancer une voiture de sport. Cette dernière devait prendre le nom de Carioca alors que sa fabrication était prévue au Brésil. La mort de Tucker en 1955 stoppera net la nouvelle aventure.